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Presque 30

Dans quelques semaines j’aurai exactement 28 ans, c’est à dire presque 30. Alors en tant que grande soeur, je me suis demandé quel conseils je pourrais donner à mon frère qui lui rentre dans la vingtaine et quels sont les choses que j’aimerais avoir connu en y entrant.

En parlant avec plusieurs de mes amies et connaissances, je me suis aperçu que nous avons quasiment tous connu les mêmes étapes, pas toujours dans le même ordre ni dans la même durée, mais on peut dessiner un certain nombre d’étapes:

  • L’envie de découvrir le monde, de voyager, de vivre à l’étranger, d’étudier à l’étranger
  • L’envie de découvrir les autres, le temps des soirées, des fêtes, des amitiés, des rencontres amoureuses
  • Les premiers pas dans le monde professionnel, les déconvenues, trouver se qu’on aime, ce qu’on accepte, s’autoriser à refuser certaines choses
  • L’envie et la compréhension de la liberté de se dessiner une vie et les difficultés à coller à cette vie utopique à laquelle on rêve
  • Le sentiment du temps qui passe, du perte du sens de la vie
  • L’envie de se stabiliser, d’avoir un chez nous, de transmettre

Dîtes-moi si vous aussi vous avez traversé ces périodes et si vous êtes d’accord avec cela, si vous aimeriez rajouter ou supprimer des étapes de la vingtaine.

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Les langues d’Asie et les alphabets: l’Hindi (en cours)

Extrait du livre The story of nine asian alphabets par APCEIU.

L’inde a 22 langues officielles. La population de l’Inde compte 1.2 millions de personnes, ce qui est la deuxième plus grande population dans le monde. L’Inde a donc un environnement multilingue et multi-culturelle. Ce qui je l’espère pourrait faire echo à l’Europe.

Parmi ces 22 langues officielles il y a l’Hindi. Même si l’anglais est assez utilisé, l’Hindi est partout, les timbres, la monnaie, les transports, la communication. L’Hindi est utilisé dans l’administration, l’éducation et les médias dans l’administration centrale mais aussi dans les 10 régions du nord de l’Inde. Parmi les 18 états et les 7 territoires , les langues régionales sont utilisées avec en plus l’anglais et l’Hindi.

Même si l’Inde est un pays, de nombreuses population et cultures diverses cohabitent sur ce territoire. Ces populations vivent ensemble depuis très longtemps avec de nombreuses religions; l’hindouisme, l’islam, les sikhs, le bouddhisme, et les chrétiens. 80% de la population est hindouiste et représente la religion principale des régions du nord ayant une langue Indo-européenne, tout comme les populations du sud utilisant les langues d’origine Dravidienne. L’hindi est la langue la plus proche du Sanskrit, langue classique du boudhisme, les indiens même très éduqués ont tendances à parler Hindi malgré leur propre langue maternelle.

La seconde religion la plus importante de l’Inde est l’islam. Les musulmans utilisent la langue Ourdou, qui est un dérivé de l’alphabet Persan. En terme de langage, l’ourdou est très proche de l’hindi. La religion Sikh provient de l’hindouisme et de l’islam du nord de l’Inde, et plus précisément de la religion de Punjab datée du 15ème siècle. La plupart des familles de confession Sikh portent le nom de famille « Singh » qui signifie « lion ». Ils sont célèbres pour être des personnes courageuses, ayant combattu contre l’oppression Mughal, puis contre les colons anglais.

Les Sikh parlent Punjabi qui est très peu similaire à la langue Hindi. La plupart parlent les deux langues. Les religions mineurs de l’Inde sont le christianisme, les Zoroastrienne (qui sont appelés Parsi en Inde). Les chrétiens sont arrivés dans le sud de l’Inde il y a de nombreuses années. Les régions ayant peu de personnes de la haute société hindouiste ou musulmane, voient de nombreuses personnes se convertir au christianisme.

Puisque le Portugalm a colonisé Goa et la France Pondichérry, la population chrétienne était importante dans ces deux régions. La religion Zoroastrienne s’est répandue dans le nord de l’Inde, dans les régions du Maharashtra et gujarat. Ils parlent Gurajati mélangé au dialecte Parsi et de l’anglais. Ils ont un pouvoir économique assez important.

Concernant le drapeau indien, les couleurs; orange, blanc et vert symbolisent la diversité des cultures. La roue bleue au centre symbolise le roi Ashoka, empereur le plus célèbre de l’Inde. Le roi Ashoka a établit le boudhisme comme religion d’état, il a utilisé la roue comme symbole pour enlacer les nombreuses cultures de la population.

L’hindi et le sript Devanagari

Le nom ‘d’Hindi » vient du mot Sanskrit « Sindhu », qui fait référence à la rivière Indus, aussi nommée la rivière Sind, dans la région Punjab dans le nord de l’Inde. Sindhu était aussi le nom de la région autour de cette rivière. Le son « s » fut changé en « h », ce qui est assez commun dans les langues Indo-arienne. Par exemple en ancien persan, le mot « Ahura » qui signifie demon fut changé en  » Asura » en Hindi.

L’ourdou utilise l’alphabet et les mots du Persan, elle est considérée comme l’une des 22 langues officielles de l’Inde.

Le Sanskrit est la plus vieille langue parmi les langues Indo-européennes (Français, anglais, allemand…). La plus ancienne forme de Sanskrit a été retrouvée dans les incantations ancestrales du Rig Veda (Moins 12 avant JC), et a été utilisé pour dans les classiques indiens comme Upanishad, Mahabharata, Ramayana, Bhagavadgita, les livres sur les mythes, les sculptures, la poésie, les nouvelles, et les écritures boudhistes. Il n’est pas connu la date ou la période de la première appartition des inscriptions sanskrites.

Cependant le roi Ashoka au 3ème siècle avant JC a noté que ces lettres étaient utilisées bien avant JC et fut connu dans toutes les régions d’Asie à travers le boudhisme.

Dans les débuts du boudhisme, le Sanskrit, qui possède des règles phonologique et de grammaire strictes, était la langue des nobles et religieux. Les écritures boudhistes étaient écris en Prakit, en général en Pali,   qui était la langue parlée à cette période, le Sanskrit n’était pas parlé et connu par le peuple.

La constitution de l’Inde (article 351) a défini comme obligation pour le gouvernement central d’utiliser,  de répandre, et de propager l’hindi. De plus, pour arrêter l’apport des langues étrangères tel que l’anglais, de puiser des nouveaux mots d’abord du Sanskrit puis si le mot n’existe pas de la langue régionale.

La langue indienne provient de deux origines, le Aryan et le Dravidian. Les Aryans vivaient dans le nord de l’Inde de l’autre côté du Plateau de Deccan et les Dravidians vivaient dans le sud de l’Inde. Donc en plus de l’Hindi, les langues d’origine Aryan sont utilisées dans le nord et les langues d’origine Dravidian dans le sud, incluant le Tamil. 74% de la population utilise des langues d’origine Aryan, ce qui signifie que l’Hindi ou ou des langues d’origine indienne.

Si l’on s’interesse à leur alphabet, on constate que le Devanagari, le Gurmukhi (Punjabi), le Bengali, le Gujarati, l’Oriya et autres  proviennent de l’alphabet Brahmi. L’alphabet en pierre de l’époque du roi Ashoka du 3ème siècle avant J.C, était un alphabet Brahmi, c’est le système d’écriture indien le plus ancien.

Ces lettres sont des lettres phonétiques, et sont marquées comme le son de la combinaison d’une voyelle et d’une consonne. Il existait 15 ou 16 voyelles et 40 consonnes.

La langue Devanagari est connue en particulier comme le système d’écriture du Sanskrit, ancienne forme de l’Hindi. Malgré certaines lettres qui ne sont plus utilisées de nos jours, la plupart des lettres Devanagari sont encore utilisées dans la langue Hindi actuelle. L’Hindi utilise l’alphabet phonetic du Devanagari, qui est composé de 11 voyelles et 35 consonnes. Une voyelle est divisée en voyelle courte et voyelle longue. Il existe aussi des dihtong, dont deux voyelles sont prononcées de manière successive. Les  35 consonnes  peuvent exprimer plus de sons que l’anglais ou que la plupart des langues.

Les chiffres en Hindi sont les mêmes que « le système numeral arabe » qui s’est répandu dans le monde entier par l’intermédiaire des marchands arabes. Comme ils se sont répandus grâce aux marchands indiens, ils sont connus comme les chiffres arabes. Cependant, à l’origine, ils sont connus comme les chiffres indiens.

Les deux racines des lettres indiennes: civilisation Indus et Aryan:

La culture indienne est célèbre pour sa diversité et son unité. Cela est le résultat de deux civilisations qui se sont rencontrées puis mélangées. Ces deux civilisations proviennent de deux origines, la civilisation Indu qui provient de la vallée de la rivière Indus, et la civilisation Aryan qui provient du nord de l’Inde et qui est descendue pour conquérir la civilisation Indu. Les lettres indiennes viennent de ces deux origines.

Une culture ancienne de l’Inde provenant de la civilisation Indus est célèbre pour sa technologie en canaux et construction de voie navigable. Leurs traces d’irrigation et de canaux qui sont les plus anciennes dans le monde, nous laisse imaginer leur style de vie. La civilisation indienne a commencé en 3000 avant JC. Les sites historiques des villes comme Harappa et Mohenjodaro ont commencé dans le bassin de la rivière de l’Indus à partir de l’Himalaya et se sont répandus dans de nombreuses locations.

Après la première découverte au début des années 1850k des restes furent retrouvés dans des centaines de sites. A partir de cela, on peut estimer la taille de la civilisation Indus qui consistait en de nombreuses villes. L’estimation montre que le territoire de cette civilisation était plus grand que l’actuel Pakistan. La civilisation Indu développait des liens commerciaux avec la Mesopotamie. Les rues bien organisés, la forme des maisons, les roues, les canaux, les irrigations, les égouts montre que la civilisation Indus était unique. Les archeologues n’ont pas eu de grandes difficultés à associer à une même civilisation des restes de cités si geographiquement éloignées. Cette civilisation existait depuis l’âge de Bronze, était une société hierarchique. Ils avaient des infrastructures qui amenaient l’eau des rivières jusque dans les cités, et qui utilisait des égouts pour evacuer les eaux usées vers l’extérieur de la ville. Les restes des bains publiques de Mohenjodaro de 83 mètre carré et les traces de quais de Lothal montrent que c’est les plus anciens de monde retrouvés.

En 1500 avant JC, la civilisation Indus disparait subitement. Des étrangers vinrent occuper la région. La raison de cette subite disparition n’a pas encore été résolue. Quand les Aryans ont envahi les Indus entre 2000 avant JC et 1500 avant JC, notamment les villes comme Mohenjodaro, les villes étaient déjà quasi désertes et déjà en ruine. Une des hypothèses est que la rivière s’était asséchée et donc la population s’est déplacée, ne pouvant continuer à vivre dans cette région. Peut-être que la rivière ne s’était pas asséchée mais que la région était devenue un désert se qui aurait entrainé une migration massive.

Les Aryans, provenant de la région du nord sont progressivement descendus vers le sud, ont traversé la rivière Indus et se sont répandus vers le reste de l’Inde et vers l’est. Ils possédaient les roues, les outils en fer,  et les nouvelles technologies de l’époque. Ils forcèrent les natifs, sûrement des descendants des Indus à se déplacer loin, vers le plateau de Deccan. Ce fut un évènement important de l’histoire de l’Inde.

La trace la plus ancienne de la civilisation Arienne a été trouvée dans les régions vertes entre la mer Caspienne et la mer d’Aral. Certaines personnes pensentn que des population dans les plaines eurasiennes étaient les premiers Aryans. Les Aryans ont commencé à se déplacer et à migrer dans différentes régions. Un groupe s’est répandu en Europe et un autre groupe s’est dirigée vers la Perse et les régions d’inde. Les linguistes connaissaient ses faits avant les historiens grâce à la linguistique historique. Ils ont découvert que les langues utilisées en Inde du nord et en Europe ont été transmis par les Aryans qui furent le canal de transmission, puisqu’ils se dispersèrent dans différentes régions après 2000 avant JC. Les Aryans étaient nomades et se déplaçaient avec leur bétail vers des plaines vertes.

Une sculpture nommée Verda fut une découverte importante, car elle possède des détails sur les Aryans. On sait qu’ils s’appelaient eux-même les Aryans et appellaient les autres populations de caractéristiques physiques différentes les non-Aryans ou les Dasa. On peut voir grâce ces écritures que les Aryans se concidéraient comme plus nobles et plus hauts que les populations non Ariennes. Ils étaient des conquérants.

Le plus horrible dans l’histoire de l’humanité, est que Adolf Hitler souhaitait imiter l’attitude des Aryans. Il s’est déclaré descendant des Aryans. Pour proclamer le fait qu’il était la personne la plus proeminente, Hitler a utilisé le symbol du dieu du soleil, celui du dieu Veda en tant que symbol Nazi.

Les Aryans montrent des similarités entre leurs dieux et les dieux de la mythologie greque et romaine.

La sculpture Veda comporte des prières mais aussi des connaissances astrologiques, mathematiques, architecture, phonologie, de grammaire et d’etymologie. Ces connaissances étaient utilisées durant le rites ancestraux. La lecture des constellations étaient utilisées pour éviter les rites durant les jours de pluie ou de sécheresse.

Le concept mathematique du 0 fut mis en place à cette époque. Les Aryans furent, on suppose les premiers à utiliser ce concept. Grâce aux concepts des mesures, des directions, de la taille, du poids, ils ont bati des autels pour les dieux.

Afin que les descendants puissent s’adresser aux dieux, il fallait écrire les prières et expliquer la grammaire pour pouvoir communiquer correctement avec les dieux. Les Aryans ont décris et détaillé très précisément les rites ancestraux.

Comme les Aryans se sont installés et se sont adaptés à leur environnement, beaucoup se sont assimilés et adaptés à la culture des autochtones. C’est pour cela que la culture des Indo-Aryans différe de celle des Européens-Aryans.

L’histoire des lettres indiennes:

L’écriture Devanagari qui vient des lettres Brahmi, est la matrice de la plupart des systèmes d’écriture en Inde, Nepal et sud-est asiatique. Selon l’epitaphe Kutila, les lettres Brahmi se sont transformées en lettre similaires à travers les lettres Gupta ( 350-500 après JC) et les lettres Sharda (500-800 après JC) et les lettres Siddham (800-1000 après JC).

Au début, ce système de lettre était appelé Nagari, qui signifie « ville », ce qui montre la signification liée à la culture et les valeurs hiérarchiques de la ville et non des campagnes. Le système Dvanagari était les lettres du language sacré que l’on préserve pour enseigner les valeurs cultuelles et religieuses. Ces lettres furent des sujets de culte elles-même, étant compris comme des symboles mystérieux.

Ces preuves que les lettres utilisées en Inde furent retrouvées dans l’épithaphe en lettre Brahmi du roi Ashoka au 3 ème siècle avant JC. Les lettres se sont développées en phonographie durant cette période. Les lettres Brahmi qui sont l’origine des lettres Hindi, furent utilisées au 5ème siècle avant JC jusqu’au 4 ème siècle après JC. Les lettres Devanagari furent utilisées du 9 au 10 ème siècle.

Recette de gâteaux wagashi -« ouiloou »

Je ne suis pas certaine de l’écriture en français, mais la prononciation est « ouiloou ». Ces gâteaux sont une sous catégorie de wagashi, qui sont les gâteaux japonais.

Outils:

Baton triangle

Magipen

Cuiseur à vapeur

Plaque pour pâtisser

Un rouleau à pâtisserie

Une casserole d’eau

Ingrédients (20 gâteaux): 120g de farine de riz non gluant, 50g de farine de riz gluant, 200g d’eau, 230g de sucre, 15g de fécule de maïs, 360g de pâte de haricots rouges, 100g de noix.

1- Mélanger les deux farines de riz et la fécule de maïs.

2- Faire fondre le sucre dans de l’eau chaude et laisser refroidir.

3-Mélanger l’eau sucrée et le mélange 1.

4- Mettre le mélange 3 dans des récipients et faire cuire à la vapeur pendant 20minutes.

5- Attendez que la pâte refroidisse, mettre dans un plastique vinyle et étaler la pâte aec le rouleau à pâtisserie.

6- Faire des petites boules de 20g de pâte de haricots rouges et les enfermer dans 25g de pâte précédemment préparée. Formez des petites boules. Vous pouvez prendre 18g de pâte de haricot rouge et rajouter, des noix, ou des graines diverses pour atteindre 20g.

7- Décorer et sculpter les gâteaux puis saupoudrer de fécule de maïs le gâteau.

La mode vintage

C’est très étrange et très étonnant mais depuis quelques mois je suis tombée dans la mode vintage. Je n’ai jamais eu de look définis et suivais toujours plus au moins les tendances mais cette année je me lance de plus en plus dans une tendance de mode vintage.

Cela a commencé avec le compte instagram missalba.banana et celui de l’iconique d’ iddavanmunster.

iddavanmunster.
iddavanmunster.

comme vous pouvez le voir ce style est inspiré du vintage mais a un côté moderne. Cela m’a tout de suite plu! J’ai toujours aimé les belles robes de ma grand-mère, les vêtements colorés et qui appellent au rêve, à l’imagination.

J’ai ensuite découvert Miss Alba.banana avec un style vintage plus début du 19 ème siècle.

Miss alba.bananahttps://www.instagram.com/missalba.banana/
Miss alba.bananahttps://www.instagram.com/missalba.banana/

Même si j’adore ces looks, il m’est quand même assez difficile de me promener dans la rue en Corée pour aller au travail de cette manière. J’ai donc cherché des inspirations looks ni trop vintage, un peu moderne et portable dans la vie de tous les jours. C’est là que j’ai découvert l’instagram de Shirinatra.

Shirinatra
Shirinatra
Shirinatra

Ces vêtements restent du vintage mais plus années 50-70, complètement métables dans la vie de tous les jours sans faire extraverti ou extraterrestre.

Ce que j’adore c’est l’élégance et le classique de ces looks. Etrangement, depuis que je m’interesse à cette tendance, je vois de plus en plus de coréennes s’habiller dans ce style là. Je vois des vêtements coréens s’inscrirent totalement dans cette tendance d’inspiration vintage. Inspiration vintage car les coupes sont un peu modernisées, les jupes sont moins longues et les coupes plus près du corps.

Koreanboom

Voici quelques vêtements trouvés sur le « amazon » local, coupang:

coupang
Coupang
Coupang
Coupang

Voilà de l’inspiration! Ma garde prend une nouvelle, enfin non une direction. J’aime bien ce style un peu décalé, même si pour le moment je m’habille encore de manière hyper classique. Et vous, vous trouvez ce style comment?

Recette coréenne: viennoiserie à la pâte de haricot rouge – 황남빵

황남빵

황남빵

Ingrédients:

Pâte:

  • lait concentré: 700g
  • 11 jaune d’oeufs
  • bicarbonate de soude: 4 g (levure boulangère)
  • farine: 680g

Pâte d’haricot rouge/ noix:

  • 적앙금- pâte d’haricot rouge: 1200g
  • poudre de noix: 130g
  • morceaux de châtaigne: 400g

Recette:

  1. Mélanger le baking soda (bicarbonate de soude) et la farine, puis ajouter les oeufs et enfin ajouter petit à petit le lait concentré et malaxer la pâte. Metter la pâte au frigo pendant 30 minute.  
  2. Mélanger la pâte d’haricot rouge, la poudre de noix.
  3. Séparer 30g de jaunes d’oeufs d’un côté et 25g de blanc de l’autre. Mélanger les jaunes d’oeuf et du caramel.
  4. Metter le mélange pâte haricot rouge/noix dans la pâte sortie du frigo à l’aide d’une cuillière, rouler afin de former des boules.
  5. Sur cette boule enfoncer sur le dessus un dés de châtaigne.
  6. Vaporiser d’eau le gâteau et avec l’aide d’un pinceau mettre le caramel autour de ce dés de châtaigne.
  7. Enfourner à 190/140 c pendant 20-25minutes. 황남빵

Comment survivre au baby-sitting de votre neuveux coréen

J’aime bien les enfants, je ne suis pas contre les enfants, même les bébés j’adore…

Non en fait je reprends…. A la base j’adore les enfants et bébés…

Jeudi, toute la famille essaie de me joindre par téléphone, je n’ai jamais eu autant d’appels en absence. Je pensais à une guerre nucléaire, un accident fatal, mais non la crèche du neveux fermait exceptionnellement cet après-midi et ma belle-soeur se retrouvait sans solution de garde. Alors on a pensé à moi, pauvre petite chose n’ayant pas d’expérience avec les humains de petites taille de moins de 3 ans. J’ai bien un  frère oui, mais je ne me rappelle même pas avoir changé une de ses couches…

Bref, je suis allée le garder. Mon neveux est le summum de la mignonnerie absolue. Il est à un niveau supérieur! Il est comme un chiot et chaton sur le dos d’une licorne magique.

J’arrive chez mes beau-parents à 13h30, sonne à la porte, et il n’y a personne qui me répond. Je sonne 3 fois, personnes ne répond… Chéri me donne le code de la porte d’entrée, je rentre. Je vois que le bébé dort dans son lit. Je tombe de mignonnerie un instant, puis m’insurge qu’il soit laissé tout seul sans personne pour le surveiller.

Je commence à ouvrir le frigo pour mettre au frais les achats que j’ai fait pour le goûter du petit loup, et là mon beau père arrive de nul part. Je suis très surprise et manque de faire une crise cardiaque. Il me dit qu’il était en train de dormir car depuis ce matin c’est la seule pause qu’il a eu. En rigolant je dis « qu’heureusement, je n’étais pas une voleuse, car il ne m’a pas entendu, ni sonner, ni rentrer. » Il rit. Je me retourne, et la seconde d’après, il est déjà parti. Avant que la porte ne claque, il me prévient que le bout de chou sera debout dans une heure.

L’appartement est calme, très calme. pas un bruit … Je lis les albums pour enfants qui traînent, retiens quelques mots de coréens. Puis m’installe dans le super fauteuil massant de mon beau-père, option séance massage intégrale de 30 min. Mon corps entier se délasse, se prélasse, je pense à acheter le même, mes yeux sont sur le point de se fermer quand soudain…

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Je vois un petit bout de chou encore enroulé dans sa couverture au milieu de la pièce. Il me regarde d’un air étonné, se demandant ce que je faisais là, ou peut-être comment son papy s’était transformé en moi  durant un dodo. J’ai l’impression d’être un zèbre dans un appartement, quelque chose d’anachronique. Je le vois se gratter la tête, hausser les sourcils. Je descends de mon fauteuil et viens lui expliquer la situation. Tous le monde s’attendait à ce qu’il pleure…mais non, il ne pleura point!

Alors voici comment j’ai survécu:

    • chanson tu écouteras et répéteras à l’infini. 50 minutes  plus tard, ton cerveau lavage il subira. Peut-être dans la nuit, en sueur tu te réveilleras, cette musique encore te poursuivra. La famille requin, très à la mode en ce moment tu aimeras. D’ailleurs pour apprendre le vocab de la famille coréenne, chanson, tu pourras utiliser.

  • Voiture électrique, il aimera. BMW miniature, les faibles parents achèteront. Le petit, trop petit il sera. Mais neveux persistant, avant-arrière-avant-arrière pendant une heure tu aideras. Envie de vomir tu sentiras.Image associée
  • Livre tu liras, mais intérêt très limité, bout de chou il portera
  • Concept d’appartement tu découvriras. Jusqu’à tard co-dodo, les parents coréens adoreront. Chambre personnelle, enfant ne possédera pas, alors salon, salle de jeux deviendra. Concept tu n’aimeras pas. Appartement, de barrières, protections, tapis de sport partout il y aura.Résultat de recherche d'images pour "superman is back bedroom"
  • Faible tu seras, gâteau de riz tu donneras, « non » ton lexique ne contiendra pas. De toute manière parent tu n’es pas tu penseras.
  • Bisous et câlins, de ce mignon bout tu profiteras

A la fin de cette après-midi, j’étais épuisée. J’avais l’impression d’être un vieux chiffon passé dans une machine à laver. Je ne savais même plus ce que mon corps souhaitait. Soyons clair, il est adorable! Mais je crois que je ne suis pas prête pour être maman. C’est vraiment très intense, et il faut toujours proposer une activité à Bébé. C’est d’autant plus étrange que j’enseigne à des très grands et aussi au primaire mais cela ne me fait pas le même effet, déjà par ce qu’ils sont plus grands, mais aussi parce que je fais mon cours, des activités.

Moi aussi je me suis traînée jusqu’à chez moi et j’ai fait une « petite » sieste. Comme quoi il ne faut jamais se moquer de beau-papa.

 

L’origine du langage: ou comment a-t-on commencé à s’engeuler?

Si la communication n’est pas détenue en monopole par les humains, la parole, le langage articulé voisé est lui, jusqu’à maintenant, réservé exclusivement à l’espèce humaine. On est alors en droit de se demander comment cet outil extrêmement utile est apparu et pourquoi seulement notre espèce à l’égo hyper développé en a le pouvoir.

Evidemment cette idée de recherche m’est apparue après avoir passé un après-midi en famille, à voir comment on pouvait passer des heures entières à manger et parler.

Je vous fais ici le court (enfin j’essaie) résumé du livre Les origines du langage de Jean-Louis Dessales, Pascal Picq et Bernard Victorri. Livre que j’ai personnellement trouvé passionant mais encore une fois cela reste « personnellement personnel ».

 

Chapitre 1: Comment le langage articulé est apparu?

Certains pensent que la langage est apparu simplement car c’était le destin de l’homme. OK, on trouve tous que c’est un peu court comme explication hyper fataliste. Raison qu’on peut donner à n’importe quoi!

-Vous ne m’avez pas payé

– C’est comme ça assume ton destin!

Une autre explication serait que notre cerveau à nous haut grand humain supérieur serait doté d’un module dans le cerveau des autres espèces ne possèderaient pas. Une fois encore les spécialistes trouvent que c’est un petit peu facile.

Vient alors notre grand ami Darwin et sa théorie sur l’évolution et de la sélection naturelle. Et déjà on se dit que c’est un peu plus plausible même s’il reste des zones d’ombres.

Ce qu’il faut dire avant d’aller plus loin, c’est que les recherches sur l’origine et l’histoire des langues et du langage étaient proscrites par la société de linguistique de Paris (bon clairement vu le titre on se demande s’ils ne se réunissaient pas masqués dans les cathacombes de Paris…)jusqu’en 1866. Parce que oui il ne fallait pas remettre en cause la théorie que l’Homme est à part et que dieu a créé notre monde en une semaine…tout ça, tout ça…

C’est au début du 19ème siècle et d’un regain d’intérêt pour l’histoire et la paléonthologie que les spécialistes se penchent de nouveau sur la question. Et ce fut un peu comme dans Océan eleven mais à 3: Darwin, Huxley et Broca firent avancer la science.

Le premier soutient que les hommes s’inscrivent dans une continuité évolutive avec les singes, le deuxième soutient que l’évolution peut faire des sauts qualitatifs et enfin le troisièe découvre l’aire cérébrale du langage localisée sur le lobe frontal gauche de cerveau.

Krl von Fritz avait découvert « le langage des abeilles » c’est à dire leur communication à travers des danses pour se donner divers informations. Mais l’homme lui n’a pas besoin de faire bouger son popotin ou être un as de la danse pour communiquer (heureusement pour moi) , alors comment définir le langage vocalisé comme on l’entend?

Le langage est:

  • un système fini d’unités sonores qui peuvent se combiner et former une syntaxe
  • un système de symboles arbitrairement iés à un signifié
  • il permet d’évoquer des évènements passés, futurs, imaginaires…

Ainsi Hokett en 1958 a établi une liste de critères concernant la langue (p18):

  • doit passer par un conduit auditif et vocal
  • doit comprendre une emission et une réception
  • avoir un affaiblissement rapide (vous ne devez pas hurler un mot pendant 24h pour être compris)
  • être interchangeable entre l’émetteur et le récepteur
  • etc

La grande différence entre le language humain et les modes de communication des autres espèces est que l’on a une fonction métalinguistique (c’est à dire on peut utiliser la langue pour parler de la langue) et discursive (on peut emboiter plusieurs idées à la suite dans une même phrase).

Selon notre ami Noam Chomsky (trèèèèèès connu par les linguistes, parlez de lui dans une conversation, ça fera toujours bien), le langage est associé à la présence innée d’un module neuronal (bref on a une case en plus) qui repose sur une grammaire universelle et dont seul l’homme possède ces capacités. (p30)

Parce qu’on a quand même tous une langue, Steven Pinker décrit « l’instinct du langage » (très développé chez ma grand-mère) chez homo sapiens:

  • Tous les individus naissent avec la capacité d’apprendre un langage
  • Il n’existe aucune corrélation entre l’usage d’une langue, sa grammaire et le contexte culturel
  • On ne peut considérer aucune langue comme plus ou moins complexe ou évoluée que les autres
  • Le langage est appris spontanément par les enfants
  • Il n’existe pas de corrélation entre la taille du cerveau et l’usage de la langue.

Même s’il on sait que l’aire de Broca participe au langage, on sait aussi que d’autres parties du cortex sont utilisées, il n’existe donc pas de module neuroanatomique spécifique du langage. En outre on s’est aperçu que certaines neuropathologies ( qui est allé chez l’orthophoniste déjà?) sont caractérisées par la perte de l’usage des langues acquises, etce dans l’ordre inverse de leur apprentissage.

Aussi bizarre que cela puisse paraître, on voit régulièrement des langues se créer, cette création est un « pidgin », qui est une sorte de « pré-langage » composé de mots juxtaposés. Ces langues sont apparues par exemple lorsque des esclaves provenant de divers pays ont été amenés à cohabiter ensemble. Souvent ces langues sont surnommées « langage Tarzan ».

Le stade suivant est l’apparition d’une langue est le « créole » qui est une langue à part entière, avec une syntaxe, grammaire et sémantique.

Cette évolution est réalisée par les enfants locuteurs de pidgin qui ont mobilisé leurs aptitudes innées à apprendre le langage et à construire une langue à partir de ces aptitudes.

Ex: au Nicaragua, on a rassemblé des enfants  sourds qui ne connaissaient pas le langage des signes, et très vite, les enfants entre eux créerent un langage gestuel de type pidgin et quelques années plus tard les enfants se firent une vraie langue.

Si on décide de chercher l’origine du langage il faut utiliser la méthode phylogénétique, c’est à dire, on tente de reconstituer les modalités d’évolution des caractères les plus anciens. On recherche les points communs et les différences, et on remonte jusqu’à retrouver l’origine. Pour l’heure cela n’a pas encore été appliqué à la recherche de l’origine et évolution du langage.

Les scientifiques ont donc pris comme point de départ, le dernier ancêtre commun (DAC pour les intimes) aux hommes et aux chimpanzés. Le DAC avait les aptitudes au langage puisque les hommes ont le langage oral et les chimpanzés ont un langage de communication gestuel. Chez les chimpanzés, la neuroanatomie a mis en évidence récemment, que ce soit par l’éthologie de terrain des structures neuronales de la région temporale gauche homologues aux régions impliquées dans le langage chez l’homme. Donc on en déduit que cette aptitude à communiquer existe depuis fort longtemps puisqu’elle existe même chez les grands singes puisque tous deux équipés de cette « case » cérébrale. De nombreuses études montrent même que jusqu’à l’âge de deux ans, les jeunes grands singes apprennent plus vite les bases d’un langage que les enfants humains.

Bref, on par du principe que notre DAC possède toutes les caractéristiques des chimpanzés et des hommes actuel. On admet donc que le DAC avait les base d’un langage de communication, permettant  de comprendre l’empathie, la sympathie, ….(listé par Jakobson) mais ne possédant pas les fonctions poétique, métalinguistique, ou discursive.

Cependant si l’on reste dans la logique de l’évolution et de la sélection naturelle tout ça, tout ça, si le langage est arrivé jusqu’à nous c’est qu’il nous donnait un avantage à la survie. Mais pour le moment, ici, nous considéreront que c’est une notion d' »exaptation » c’est à dire un caractère qui ne donne pas davantage mais pas non plus de désavantage. (puisque le chimpanzé ne parle pas et a survécu). Donc la question n’est plus: « Pourquoi les hommes parlent? » mais plutôt « Pourquoi les grands singes ne parlent-ils pas? ».

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Les plus anciens hominidés:

Les plus anciens fossiles rapportés à la famille des hominidés, c’est à dire la lignée des hommes et des chimpanzés, se trouvent en Afrique entre 6 et 7 millions d’années. L’un appartient à Orrorin tugenensis et provient du Kenya; l’autre à Sachelanthropus tchadensis ou Toumaï et se trouve au Tchad. Ils sont tous deux proches du DAC.

Comme dit plus haut, la taille du cerveau et les capacités cognitives n’ont rien à voir. Cependant nous avons remarqué que les asymétries cérébrales et le réseau des veines méningées laissant des empreintes sur les parois internes de la boîte cranienne, on a pu observer que plus le lobe cérébral gauche est développé par rapport au droit – avec une expansion de la région temporal – et le tissu veineux dense dans ces régions, plus on s’approche de l’anatomie de l’homme actuel.

On a remarqué que la base du crâne est très fléchie chez l’homme actuel et plate chez les grands singes. Les chercheurs ont aussi établi une corrélation avec la position du larynx qui permet à l’homme de moduler les sons. Cependant de nombreux fossiles remettent en cause cette supposition.

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Lucy et les australopithèques:

La taille du cerveau de Lucy et des australopithèques était plus importante que chez les chimpanzés d’aujourd’hui et les aires d’association étaient plus développées. L’homme aurait évolué différement des chimpanzés lorsque les australopithèques ont décidé de vivre  dans un milieu plus ouvert, moins arboré. L’adaptation de notre lignée à ce nouveau milieu aurait conduit entre autres à l’acquisitio de la bipédie et au besoin de mieux communiquer, notamment en raison des menaces de prédation, les premières bribes du langage seraient apparues dans ce contexte. Mais encore une fois cela reste une théorie liée avec aucun mécanisme évolutif.

Balbutiements autour du genre Homo:

Les australopithèques ont disparu il y a entre trois et deux millions et demi d’années. Des changements importants appairaissent chez leurs descendants, les parenthropes et les premiers hommes – Homo habilis et Homo rudolfensis. Ils possèdent tous des cerveaux relativement plus grands, avec des asymétries cérébrales plus marquées. La région temporale gauche – qui comprend les « aires du langage » – apparaît plus développée. On relève aussi que le réseau de la veine méningée moyenne est plus dense, ce qui indique des activités cérébrales plus intenses dans les régions pariétales et temporales.

Il y a eu en réalité une « évolution en mosaïque »: les différentes parties des organismes évoluent différemment dans les lignées phylogénétiques très proches, avec des cas de conergences, des parallélismes et des homoplasies. Les hominidés de cette époque, toujours africains, présentent une mosaïque de caractères plus ou moins évolués qui correspondent, pour certains, à des adaptations à la vie dans des milieux plus ouverts.

L’ Homo ergaster aparait il y a environ deux millions d’années en Afrique. Ils ont une plus grande taille corporelle que tous les hominidés africains qui les ont précédés ou qui leur sont contemporains. Leur cerveau est plus grand, avec des aires d’association relativement plus développées, notamment dans les régions pariétale et temporale.

Le cas d’Homo ergaster permet d’illustrer comment peuvent apparaître de nouvelles capacités cognitives sans qu’elles aient été sélectionnées – c’est ce que l’on appelle des « exaptations cognitives ». Homo ergaster a un cerveau plus grand, mais les différentes aires corticales ne se sont pas agrandies dans les mêmes proportions: les aires primaires et secondaires conservent une taille comparable à celle des autres hominidés, ce qui inclut les grands singes actuels. Cependant les aires intermédiaires et plus particulièrement les aires d’association, dans la région pariétale, deviennent absolument et relativement plus grande. Les Homo ergaster se trouvent ainsi nantis de capacités cognitives potentielles qu’ils ne développeront que plus tard. La face en retrait, le palais profond et l’innervation de la partie supérieure de la cage thoracique permettent d’articuler des sons et de contrôler la respiration lors de la producion de ces sons. Mais on ne sait rien de la position relative du larynx, même si la base du crâne s’avère bien moins marquée que chez l’homme actuel. Ces modifications du pharynx et de la partie supérieure du tronc ne sont pas forcément associées au langage, mais plus probablement à l’adaption, à l’endurance et à la course.

Il semblerait donc que, d’Homo ergaster à Homo erectus, l’acquisition des fondements anatomiques et neurologiques du langage articulé à partir d’aptitudes anatomiques et cognitives des hommes au sens strict soit liée à une évolution complexe des organismes affectant d’abord la taille et la morphologie.

A été découvert la mutation du gène Foxp2: cette anomalie génétique induit chez ses porteurs des déficiences dans l’apprentissage et la pratique du langage articulé. Elle affecte l’anatomie cérébrale, dont celle des régions dédiées plus spécifiquement au langage, mais aussi la morphologie des mâchoires, de la langue et du larynx. On ignore pourquoi et sous quelles pressions de sélection ces transformations sont apparues ches les premiers hommes.

Chapite 2: A la recherche de la langue originelle

En 1994, Ruhlen auteur de « L’origine des langues », affirme apporter la preuve que toutes les langues dérivent d’une même langue, qu’il appelle la langue « mère », en présentant une trentaine de « racines mondiales » qui ont, selon lui, fait partie du vocabulaire de cette langue originelle parlée par nos ancêtre il y a plus de 50 mille ans.

La linguistique historique est néée  avec la reconstruction du « proto-indoeuropéen », langue qui a dû être parlée il y a quelque six mille ans et dont dérivent notamment, le sanscrit, le grec, le latin, les langues germaniques ( anglais, allemand, danois..) et langues slaves ( russe, polonais, serbo-croate…).

Au cours du 20ème siècle, un travail considérable, entrepris par de nombreux linguistiques, a permis d’identifier partout dans le monde des familles de langues du type de la famille indo-européenne. Certaines de ces familles, comme la famille bantoue en Afrique, comprennent plusieurs centaines de langues, tandis que d’autres n’en comptent qu’une seule: c’est le cas du basque, par exemple seul survivant d’une famille dont les autres membres ont disparu lors de l’expansion des langues indo-européennes.

On peut estimer à quelques centaines le nombre de ces familles, admises approximativement par tous les chercheurs. A chacune d’entre elles correspond en principe une protolangue qui aurait existé il y a quelques milliers d’années et dont descendraient toutes les langues actuelles qui la constituent.

Une première étape a été accomplie dans l’établissement d’une généalogie des cinq à six mille langues parlées aujourd’hui dans le monde. Certains linguistiques sont allés plus loin et ont tenté de regrouper des familles entre elles, créant ainsi des « familles de familles » en comparant les protolangues entre elles ou, à défaut, en utilisant des caractères très répandus dans une famille quand la protolangue correspondante n’a pas été reconstruite.

Plusieurs équipes proposent une « superfamille », qui englobe la famille indo-européenne et que les uns appellent « nostratique » et les autres « eurasiatique ».

Greenberg a regroupé les familles de langues africaines en 4 superfamilles et les familles amérindiennes en 3 superfamille. Si ces hypothèses se révélaient exactes, cela voudrait dire que la linguistique historique peut remonter dans le temps bien au-delà de la barrière des six mille ans, puisqu’un « proto-nostratique » ou un « proto-eurasiatique » aurait été parlé plusieurs milliers d’années avant le proto-indo-européen qui en dériverait.

Il y a de bonnes raisons de penser que ces superfamilles correspondent bel et bien  à une réalité. En effet, depuis une quinzaine d’années, cette thèse linguistique a reçu le renfort d’une autre discipline: la génétique des populations. Des chercheurs comme Luigi Cavalli-Sforza et André Langaney ont calculé des distances génétiques entre populations humaines. Cela permet d’en déduire quand et dans quel ordre ces populations ont divergé, et donc de reconstruire l’histoire du peuplement des 5 continents à partir d’une population originelle qui aurait vécu, il y a environ 100 000 ans, quelque part en Afrique de l’est ou au Moyen-orient. Les résultats confortent, dans l’ensemble, les grandes classifications des langues en superfamilles, notamment les hypothèses de Greenberg pour les langues africaines et amérindiennes. Cette convergence entre 2 disciplines a priori très éloignées est d’une importance capitale.

La langue mère:

Selon l’hypothèse de Ruhlen: toutes les familles de langues ayant été regroupées en une douzaine de superfamilles, si l’on trouve des ressemblances dans le lexique d’une grande partie de ces superfamilles, cela veut dire que les termes correspendants proviennent de la protolangue dont elles dérivent, autrement dit de la langue mère. Ruhlen cherche donc de telles ressemblances, en se centrant sur le « vocabulaire de base » qui sont les plus résistants au changement linguistique. Il part donc de 32 familles « intermédiaires » (dont des langues isolées comme le basque), très largement représentatives de l’ensemble des superfamilles.

Cependant certains spécialistes sont sceptique. Ruhlen prend des mots  qui ne sont pas forcément synonymes mais de même champs lexical, et avc des sons parfois très éloignés.

Récemment, un jeune chercheur français, Christophe Coupé a pu montrer que l’occupation de l’Australie et de la Nouvelle-Guinée, ainsi que celle des îles qui les relient à l’Asie du Sud-Est, a dû commencer il y a au moins soixante-dix mille ans. Il faut donc vieillir les racines mondiales en question de plus de quarante mille ans, puisque la différenciation en superfamilles a forcément commencé dès les débuts de la dispersion. Cela fait vraiment beaucoup à l’aune du rythme de l’évolution linguistique pour que l’on puisse encore espérer retrouver la trace de ces racines, même si l’on suit jusqu’au bout l’argumentation de Ruhlen…

L’hominisation:

On sait aujourd’hui que le processus d’hominisation a duré 6 à 8 millions d’années et qu’il s’est déroulé par étapes, avec notamment deux stades essentiels: l’apparition d’Homo erectus, il y a plus d’un million d’années, et la naissance de notre propre espèce, l’Homo sapiens « moderne », il y a cent mille ans. Homo erectus a représenté un incontestable succès évolutif: premier hominidé à sortir d’Afrique, il a conquis tout l’Ancien Monde et a connu un développement continu de ses facutés cognitives et de sa technologie, conduisant ainsi à la naissance des différentes lignées d’Homo sapiens « archaïques ». Les Homo sapiens se sont dispersée sur toute la planète, supplantant les autres descendants d’Homo erectus. Il y aurait donc eu un « goulot d’étranglement » dans l’histoir de l’hominisation: tous les humains actuels descendraient d’un petit groupe d’Homo sapiens archaiques ayant vécu entre – 100 000 et – 200 000ans.

Bien sûr, cette hypothèse d’un goulot d’étranglement ne fait pas l’unanimité, mais c’est elle qui explique le mieux les données des différentes disciplines impliquées, paléoanthropologie et surtout génétique des populations. Si les chercheurs ne se trompent pas, l’existence d’une langue mère est alors plausible: on peut supposer que ce petit groupe possédait déjà le langage humain et donc, vraisemblablement, une seule et même langue, puisque, selon les estimations des généticiens, il devait compter au plus quelques milliers d’individus.

Protolagage et langage:

En effet, la plupart des chercheurs qui travaillent aujourd’hui au problème de l’origine du langage s’accordent à penser que le système de communication des hominidés s’est développé en deux étapes, chaque étape correspondant à un saut qualitatif, à une véritable métamorphose de leur mode d’expression. Homo erectus aurait parlé une sorte de « langage Tarzan », que le linguiste Derek Bickerton a proposé d’appeler protolangage.

Les phrases du protolangage auraient été composées de quelques mots juxtaposés, sans ordre bien défini, du genre Arthur mange banane ou Alfred lapin tuer. En somme, le vocabulaire aurait déjà été présent, mais pas la grammaire. Un tel système de communication suffit, de fait, à échanger de l’information factuelle, ce qui aurait permis à cette espèce de s’adapter aux conditions environnementales très diverses au’elle a dû rencontrer lors de son expansion hors du berceau africain.

La deuxième étape, beaucoup plus récente (de l’ordre de cent mille ans), serait donc le fait d’Homo sapiens archaîques, et peut-être même uniquement de notre espèce. Elle aurait consisté en une innovation fondamentale: la syntaxe, qui confère aux langues humaines une puissance expressive et une complexité sans commune mesure avec le système précédent. Et c’est cete révolution qui aurait permis un approfondissement sans précédent des rapports sociaux et des capacités d’interaction au sein des sociétés humaines, aboutissant à l’émergence d’une vie culturelle de plus en plus riche, expliquant en fin de compte le destin exceptionnel de notre espèce dans le monde animal.

Bickerton fournit trois arguments:

  • Le premier concerne l’émergence des langues créoles, parlées notamment aux Antilles. Cela s’est fait en deux temps: d’abord les esclaves différentes, ont formé, à partir du lexique de la langue des maîtres (anglais, français, espagnol..) des « pidgins », qui ne possédaient effectivement pas de syntaxe, avant leur transformation en « créoles », véritables langues qui ont donc mis au moins une génération à se forger à partir des pidgins: ce serait un processus analogue à celui du passage postulé du protolangage au langage.
  • Le deuxième argument de Bickerton a trait aux recherches sur les grands singes. Les efforts pour leur enseigner une langue humaine ont abouti à un demi-succès: ils arrivent à apprendre un vocabulaire non négligeable et à bien se débrouiller ainsi pour se faire comprendre, mais ils sont incapables d’apprendre une syntaxe. Ils ne pourraient donc pas dépasser le premier stade de l’évolution du système de communication humain, celui du protolangage.
  • Bickerton s’appuie aussi sur l’étude de l’acquisition du langage par l’enfant, dans lequel il estime que l’on retrouve ces deux mêmes étapes.

Pourquoi nos langues sont-elles si complexes?

Pour donner une idée de la complexité de nos langues, il suffit d’examiner une phrase un peu longue, mais relativement banale, que l’on pourrait entendre dans la vie quotidienne sans s’en étonner. On peut noter trois propriétés fondamentales des langues à l’oeuvre:

  • La récursivité: C’est une spécificité de la syntaxe des langues dont le grand linguiste Noam Chomsky a mis en lumière le rôle essentiel. La récursivité permet d’enchâsser une proposition dans une autre, qui peut elle-même se trouver enchâssée, et ainsi de suite, sans limites. La récursivité confère à nos langues une puissance d’expression qu’aucun autre système de communication animale ne peut atteindre. Seuls les langages logiques et informatiques ont « copié » cette propriété en la systématisant.
  • La temporalité: L’expression des relations temporelles est remarquablement facile et efficace dans les langues. Ainsi, dans notre exemple, le locuteur a pu d’une part évoauer sans difficulté une séquence temporelle en se centrant sur l’action visée qui joue le rôle de pivot.
  • Les modalités: Les langues permettent à un locuteur de « prendre de la distance » par rapport à ce qu’il a à dire: on peut énoncer une proposition sans en assumer soi-même la caractère de vérité. On peut se retrancher derrière d’autres, rester prudent, différencier ses désirs de la réalité. Dans toutes les langues, le système des modalités est très riche et donne du fil à retordre aux sémanticiens qui s’y consacrent.

On pourrait penser que nos ancêtres ont eu besoin de cette complexité pour l’organisation d’activités collectives comme la chasse, puisque l’on sait par ailleurs qu’ils ontété de grands chasseurs, y compris d’animaux aussi imposants que des mammouths, ce qui devait nécessiter, on l’imagine aisément, une excellent coordination. Or on sait que les chimpanzés savent chasser en groupe pour capturer les colobes par exemples et cela sans avoir développer un langage similaire au nôtre. De plus, il suffit d’observer des chasseurs en action pour se rendre compte qu’ils n’ont pas besoin de beaucoup se parler: visiblement, un protolangage leur suffirait amplement!

On a souvent émis l’hpothèse qu’un langage complexe aurait été indispensable pour transmettre ces compétences de génération en génération. Mais cette seconde hypothèse ne résiste pas davantage à un examen poussé. L’éthologie nous apprend que la fabrication des outils n’est pas l’apanage des seuls humains: les mères chimpanzés enseignent à leurs petits techniques et savoir-faire, sans posséder l’équivalent d’un protolangage. Et, chez les humains eux-mêmes, ce type d’apprentissage repose surtout sur l’exemple, le maître artisan n’étant guère plus disert que le chasseur…

La thèse de Jean-Louis Dessalles:

Il met en avant deux fonctions de la communication humaine, dont il montre à la fois l’universalité et la spécificité. La première, qu’il appelle “fonction événementielle”, consiste à nous empresser de signaler à nos congénères toute information qui nous semble digne d’intérêt. La deuxième, la “fonction argumentative”, consiste à discuter de la fiabilité et de la cohérence des informations ainsi transmises. Qui plus est, il fournit une explication raisonnable de leur émergence, a priori paradoxale dans un cadre darwinien: c est pour s élever dans la hiérarchie sociale que l on fournirait de l information à nos rivaux génétiques, et c’est le rôle de plus en plus important de cette activité dans la vie sociale qui aurait conduit à la nécessité de l’argumentation, excellente technique pour détecter les menteurs et emporter la conviction de l’auditoire.

On peut facilement situer l’apparition de ces deux fonctions dans le processus historique en deux étapes de développement du système de communication des hominidés que nous avons présenté. La fonction événementielle serait apparue chez Homo erectus et aurait conduit à l’émergence, la stabilisation et l’enrichissement progressif du protolangage.

Ce protolangage devait être approprié à la transmission de l’information factuelle, surtout si cette information portait sur les sujets d’intérêt pragmatique immédiat des interlocuteurs. La fonction argumentative, elle, serait apparue chez les Homo sapiens archaïques et aurait été le moteur du passage du protolangage au langage: le moindre échange argumentatif réclame en moindre échange argumentatif en effet des outils bien  plus sophistiqués qu’un simple échange informatif. Notamment, la récursivité et les modalités sont indispensables, puisqu’il faut pouvoir mettre “au conditionnel” les assertions contestées, comme le montre l’examen de cet énoncé générique de tout discours argumentatif ”…”.

La fonction narrative:

La narration constitue en effet l’une des plus importantes utilisations du langage dans toutes les sociétés humaines connues, depuis les sociétés des chasseurs-cueilleurs jusqu’aux sociétés les plus avancées technologiquement. Raconter une histoire, c’est le plus souvent s’extraire de la situation présente pour introduire un autre cadre spatio-temporel, y faire surgir des personnages réels ou imaginaires, les faire vivre, penser, parler sur une espèce de “scène verbale” que l’on dresse devant son auditoire, en déroulant, plus ou moins vite selon les besoins, le fil d’une temporalité que l’on maîtrise entièrement et que l’on met au service de la dynamique des évènements qui se succèdent…

La fonction narrative sert à fournir de l’information factuelle dès que l’on chercheà informer sur un évènement qui n’est pas directement lié à la situation présente, parce qu’il se situe dans le passé et/ou dans un autre cadre spatial.

Cette fonction a un autre sens: en formant les esprits à exercer leur imaginaire, à se projeter dans la vie d’individus éloignés dans le temps et dans l’espace, à appréhender la profondeur et la richesse des sentiments de leurs congénères, à décrypter les pulsions et les motivations de leurs actes, à comprendre pourquoi certains comportements sont jugés admirables et d’autres une réprobation générale. Bref la narration a joué et joue un rôle fondamental dans la mise en place et le renouvellement permanent du monde culturel qui caractérise toutes les sociétés humaines. Raconter des histoires, loin de n’être qu’une activité anecdotique réservée au loisir, est au coeur même de la structuration de ces sociétés, dans la mesure où elles reposent avant tout sur le partage de valeurs culturelles communes.

René Girard , qui a particulièrement  insisté sur ce point, la narration est au coeur de l’établissement des lois qui régissent les comportements sociaux dans toutes les sociétés.

Faire partie d’une société humaine, c’est adhérer, le plus souvent sans réserve, à des histoires qui racontent l’origine du groupe social et qui définissent du même coup les comportements qui scellent l’appartenance à ce groupe. Tous les mythes et religions fondent les interdits sur des récits mettant en scène des personnages sacrés qui violent précisément ces interdits.

Girard a développé la théorie du bouc émissaire. Les héros de ces histoires seraient des ancêtres ayant réellement existé qui auraient été tués par les leurs parce qu’ils avaient commis ces actes ou, plus précisément, parce qu’ils en avaient été accusés publiquement. Ils seraient devenus des dieux parce que, en étant des boucs émissaires, ils ont permis de ressouder la tribu en crise en détournant la violence sur leurs seules personnes et, du même coup, en établissant un consensus à leurs propres dépens sur la nécessité de prohiber définitivement le comportement fautif.

Les mécanismes de régulation sociale:

Toute organisation sociale, qu’elle soit animale ou humaine, nécessite le strict respect par les membres du groupe d’un certain nombre de règles comportementales qui peuvent être contraires à leur intérêt individuel à court terme, mais qui sont vitales pour la viabilité du groupe.

Konrad Lorenz (fondateur de l’éthologie animale), ces comportements dangereux pour la survie de l’espèce sont inhibés par des mécanismes dits “instinctifs”.

Il est intéressant d’observer que les interdits humains recouvrent assez précisément ces inhibitions instinctives: ainsi, dans toutes les cultures, les interdits concernent les meurtres entre individus d’une même tribu et, avant tout, dans le cercle familial. Les agressions à l’extérieur de la tribu, elles, n’ont pas du tout le même statut et peuvent même être explicitement encouragées et codifiées…

La grande différence entre l’homme et les autres mammifères sociaux c’est que, chez l’homme, la régulation sociale ne s’effectue pas au niveau biologique, mais au niveau socioculturel.

L’hominisation s’est caractérisée par un développement considérable du cerveau, notamment de sa partie la plus récente du point de vue évolutif, le néocortex. Ces zones contrôlent les centres sous-corticaux, plus “archaïques”, qui sont responsables des réactions instinctives chez les mammifères. L’accroissement des capacités cognitives des hominidés a donc conduit progressivement à la maîtrise des comportements instinctifs, auxquels se sont substitués des comportements plus adaptables et plus “réfléchis”. Autrement dit, le développement de l’intelligence individuelle a eu pour corollaire la perte des réactions instinctives, y compris, in fine, celles qui étaient les plus solidement établies, parce que vitales pour la survie de l’espèce.

On peut donc penser qu’il y a eu, à un moment de l’évolution des hominidés, une période très critique où l’affaiblissement des réactions instinctives produisait des effets de dérégulation sociale dévastateurs alors que “l’antidote” que constituent aujourd’hui les règles de vie sociales n’était pas encore en vigueur.

Dans La Politique du chimpanzé, le primatologue Frans de Waal a démontré l’importance des conflits de leadership dans la mise en place et la stabilité de l’organisation sociale des chimpanzés. Très régulièrement, les mâles dominants se confrontent pour la suprématie dans le groupe et cherchent à se faire le maximum d’alliés dans le reste du groupe, la taille et la qualité de ces coalitions comptants autant, sinon plus, que la force physique elle-même pour avoir le dessus sur son adversaire. Les combats physiques entre rivaux sont eux-mêmes limités et servent surtout à entériner “publiquement” le nouveau rapport de force qui s’est instauré.

Le scénario d’émergence de la langue originelle:

On peut alors supposer que, pour échapper aux crises récurrentes qui déréglaient l’organisation sociale, nos ancêtres ont inventé un mode inédit d’expression au sein du groupe; la narration. C’est en évoquant par la parole les crises passées qu’ils ont réussi à empêcher qu’elles se renouvellent. Le langage humain se serait forgé progressivement au cours de ce processus et son premier usage aurait consisté à établir les lois fondatrices qui régissent l’organisation sociale de tous les groupes humains.

Cette conscience collective renforce la cohésion du groupe et lui confère un nouveau pouvoir. Raconter ce qui s’est déjà produit devient un moyen d’exprimer que cela risque d’arriver de nouveau, ce qu’il faut éviter.

Il s’agit en effet d’un processus culturel et non pas génétique, qui n’est donc pas soumis aux contraintes de l’avantage individuel sélectif caractéristique des mécanismes de l’évolution des espèces.

Homo sapiens “narrans”:

Les descendants des Homo erectus, qui avaient évolué localement dans tout l’Ancien Monde pour aboutir aux différents groupes d’Homo sapiens archaïques, ont pratiquement tous disparu par la suite (il y a quelque trente mille ans pour les derniers néanderthaliens). Seul l’un de ces groupes, en Afrique de l’est ou au Moyen-orient, a connu un sort différent en donnant naissance à notre espèce, avec le succès que l’on sait. La plupart des auteurs Homo sapiens archaïques, et notamment des néandertaliens, reste une véritable énigme. Il est en efet surprenant que des hominidés si bien armés sur le plan cognitifs( Néandertal avait même  un cerveau d’une taille légèrement supérieur à la nôtre), n’aient pas été capables de continuer à prospérer, même si l’on suppose que les conditions environnementales étaient devenues plus difficiles, dans la mesure où ils étaient déjà suffisamment outillés pour s’adapter à toutes sortes de changements: maîtrise du feu, fabrication d’armes, outils divers…Il faut donc se pencher sur des causes endogènes qui pourraient expliquer l’extinction des Homo sapiens archaïques. La thèse que nous défendons ici, celle d’un phénomène de dérégulation sociale, a l’avantage d’expliquer leur déclin justement par l’augmentation de l’intelligence individuelle de ces hominidés.

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Ainsi, seule notre espèce aurait échappé à ce sort grâce à l’émergence de cette nouvelle fonction de communication, la fonction narrative, qui, en permettant l’évocation des crises passées pour interdire des comportements nuisibles à la survie de l’espèce, a abouti à la création d’une organisation sociale totalement inédite dans le règne animal, conduisant à un nouveau stade de l’évolution des hominidés que Merlon Donald appelle « stade de la culture mythique » et qui fait de nous une espèce « pas comme les autres ».

Il a permis à notre espèce d’échapper en grande partie aux contraintes de l’évolution néo-darwinienne pour s’inscrire dans une logique évolutive différente, dont le centre organisateur s’est déplacé du biologique vers le social et le symbolique. On devrait donc l’appeler Homo sapiens narrans, puisque ce n’est pas l’intelligence qui la distinguerait des autres espèces d’Homo sapiens qui l’ont précédée, mais la capacité des groupes humains à raconter leur propre histoire, source d’une nouvelle « sagesse » fondatrice de l’Humanité.

Cette thèse est, bien sûr, hautement spéculative par bien des aspects. C’est le lot de toutes les théories actuelles sur l’origine du langage.

Chapitre 3: Ethologie du langage

Imaginons qu’un spécialiste du comportement, un éthologue, venu d’un autre monde, visite la Terre et décide de décrire le comportement de l’espèce humaine. Sa première description concernera sans doute le comportement langagier. L’être humain consacre un temps considérable à cette activité surprenante, apparamment unique dans le règne animal terrestre, qui consiste à échanger entre congénères des messages sans cesse renouvelés. Notre éthologue voudra comprendre comment un tel comportement, qui consomme près d’un tiers de notre temps d’éveil, a pu émerger dans cette espèce et pourquoi il n’a pas d’équivalent connu, même approchant, dans les autres espèces.

Entre neuf et douze mois, le jeune enfant commence à communiquer systématiquement en direction des adultes poursignaler l’irruption d’un stimulus inattendu, par exemple un petit pantin qui s’agite à l’autre bout de la pièce. Il semble que nous soyons la seule espèce à agir ainsi. Les chimpanzés, par exemple, sont particulièrement curieux et sont également attirés par ce qui leur semble nouveau. Mais ils ne tentent pourtant pas de signaler activement le stimulus à leurs congénères, ou très rarement. S’il est un aspect par lequel le langage diffère radicalement des différentes formes de communication animale, c’est bien par cette utilisation que nous faisons pour signaler les phénomènes déviants.

Par le langage, nous communiquons systématiquement non seulement les événements qui nous semblent déviants, mais également ceux qui ont un impact émotionnel sur les interlocuteurs, par exemple la mort d’un acteur connu et apprécié. Le langage comporte donc une fonction événementielle, qui recouvre la fonction narrative, dont l’importance dans l’évolution du langage a été soulignée par Bernard Victorri dans le chapitre précédent.

Cette fonction argumentative constitue l’autre grand pilier des conversations spontanées. Nous ne connaissons pas de culture dans laquelle la conversation spontanée, cette activité qui pousse les individus à prononcer quelques 15 000 mots en moyenne chaque jour, ne soit pas consacrée pour l’essentiel à ces deux fonctions de base, événementielle et argumentative. Nous ne connaissons pas de culture dans laquelle l’inattendu, le déviant, ne susciterait pas l’intérêt. Nous ne connaissons pas non plus de culture où les individus ne traiteraient pas spontanémentt leurs étonnements, leurs désaccords et leurs difficultés par la discussion. Certes, les cultures divergent significativement par les formes de l’expression: dans certaines d’entre elles, par exemple, le désaccord ne peut pas s’exprimer de manière frontale et doit passer par des voies détournées. Mais cela ne change rien aux mécanismes régissant l’argumantation spontanée, qui semblent se retrouver à l’identique dans les différents endroits du monde.

Pour expliquer la présence du langage dans notre espèce, il faut expliquer, en bonne logique darwinienne, en quoi la parole a pu aider nos ancêtres…

à être nos ancêtres! En quoi le fait de parler plus ou de parler mieux a-t-il permis à certains individus de laisser plus de descendants que leurs congénères moins prolixes, et cela seulement dans notre lignée? Plus précisément, quel avantage ont pu tirer nos ancêtres du fait de signaler certains tpes d’évênements à leurs congénères ou du fait d’argumenter avec eux?

Le langage, une anomalie évolutive:

Les hypothèses tacitement admises au 20ème siècle considéraient le langage sous un angle strictement utilitaire: il devait son existence aux avantages que les individus pouvaient tirer des informations qui leur étaient données. L’hypothèse apparemment la plus simple situe ces avantages au niveau collectif: le langage aurait été revenu par la sélection naturelle en raison du bénéfice qu’il procure à l’espèce. Cependant, on ne comprend pas, dans ces conditions, pourquoi les chimpanzés, par exemple, n’échangent pas des informations utiles. Pour sauver l’hypothèse, il faut supposer en outre que le langage est une faculté difficile d’accès, nécessitant, selon certains auteurs, un degré suffisant d’intelligence, selon d’autres, la capacité de former des concepts, ou encore la capacité à se représenter ce que les autres pensent, savent ou ignorent de manière à leur fournir les informations à bon escient.

L’idée selon laquelle un comportement bénéfique pour l’espèce qui en est dotée sera sélectionné pour cette raison vient d’une mauvaise compréhension, hélas fort répandue, des mécanismes darwiniens. On a pu ainsi entendre ou lire le fait que la sélection naturelle produisait des comportements censés assurer la « conversation de l’espèce » ou lui permettre de gagner dans la « lutte contre les autres espèces ». Non! Le fait qu’un comportement ait des effets positifs ou négatifs sur le succès écologique d’une espèce n’onflue en rien sur la sélection de ce comportement. Peu nous importe le succès écologique, s’il existe, lié au fait que les humains mettent des informations en commun, car il ne peut servir de justification à l’existence du langage.

La théorie darwinienne, aussi bien dans sa version moderne que dans la conception de son auteur, porte sur le reproduction différentielle au sein de l’espèce, où les caractéristiques héréditaires qui entraînent un taux de reproduction supérieur seront, toutes choses égales par ailleurs, sélectionnées. Autrement dit, pour expliquer la présence de la faculté de langage dans notre espèce, il nous faut expliquer pourquoi les individus qui parlent se reproduisent mieux que les membres de la même espèce qui ne parleraient pas. Or c’est là que le bât blesse: en quoi le fait de donner des informations potentiellement utiles à d’autes individus confère-t-il un avantage au parleur?

Pour bien saisir la dimension du problème, imaginons deux hominidés, Eve et Léa, ayant vécu, disons, il ya quelques deux cent mille ans. Eve a l’habitude de donner spontanément à Léa les informations qu’elle possède. Léa se contente de l’écouter, gardant ses propres informations par-devers elle. Il s’agit maintenant d’expliquer que nous descendons d’Eve, dont nous avons hérité le comportement de communication spontanée, et non de la musique Léa. La logique voudrait que nous descendions de la seconde qui, au total, est la mieux informée des deux sur son environnement. Le comportement qui consiste à communiquer des informations utiles semble contraire aux principes darwiniens: il favorise la reproduction de ceux qui ne l’ont pas. Cette logique explique avec l’impidité pourquoi, dans les autres espèces de primates, les individus ne passent pas leur temps à donner des informations utiles à leur congénères.

La même logique fait du langage humain une anomalie biologique. Loin d’être une évidence, comme on a pu le croire jusqu’à des temps récents, notre comportement langagier constitue une énigme scientifique qu’il s’agit de résoudre.

L’hypothèse du donnant-donnant:

Il existe un moyen naturel de résoudre le paradoxe d’Eve et de Léa: il suffit de supposer su’Eve ne parle qu’aux personnes qui lui répondent. Ainsi, elle préférera s’adresser à Téya plutôt qu’à Léa si Téya a l’habitude de lui donner en retour les informations qu’elle a pu elle-même récolter. Il en résulte un système où, si l’on fait le compte des informations détenues par les uns et les autres; les gagnants sont les communicants, Eve et Téya, et où les mutiques comme Léa se retrouvent perdants. CQFD. Comme nous allons les voir, les choses ne sont pas si simples.

Ce scénario d’échange semble trouver une confirmation éclatante dans le fait que la communication humaine prend le plus souvent une forme interactive. Pour une raison quelconque, nos ancêtres seraient les seuls qui seraient parvenus à un seuil d’intelligence ou de descernement leur permettant de sélectionner efficacement leurs partenaires de communications.

Les simulations sur ordinateur permettent d’éclairer les mécanismes de la coopération et de montrer les conditions dans lesquelles elle est possible. Ce genre de simulation utilise la technique dite des algorithmes génétiques.

Imaginons une population de quelques centaines d’agents virtuels très simples, dont les seules fonctions sont de communiquer et de se reproduire. La reproduction, dans ce cas, consiste à fabriquer un nouvel agent en prenant au hasard des caractéristiques de ses deux « parents ». Comme dans la nature, le comportement des agents est contrôlé par un « génome », en l’occurrence une chaîne binaire, et, toujours comme dans la nature, le génome de l’enfant est fabriqué par hybridation entre les génomes parentaux.

Pour introduire de la sélection dans ce type de simulation, il suffit de choisir les individus parents préférentiellement parmi ceux qui ont mieux réussi que les qutres. Dans le scénario qui nous intéresse, le succès se mesure à la quantité d’information détenue.

Contrairement à l’intuition première, la coopération nest possible que dans des conditions assez particulières,  qui dépendent de trois paramètres: le gain procuré par le fait de détenir une information, le coût associé au fait de communiquer une information et l’efficacité de la sélection des bons coopérateurs. Pour que la coopération existe et se maintienne de manière stable, il faut que le rapport gain sur coût soit élevé et que la sélection du partenaire de communication soit efficace. Si ce n’est pas du tout le cas, la coopération se révèle instable. Essayons d’en comprendre les raisons, Un niveau élevé de coopération de la part d’un agent qui joue le rôle B est rentable si la valeur moyenne de g2 dans la population est faible. Ainsi, l’agent se fait remarquer des parleurs et bénéficie d’être leur partenaire privilégié. L’évolution pousse donc la valeur moyenne de G2 à augmenter.

Le fait de coopérer entraîne un coût et, comme le coopérant est en concurrence avec de nombreux autres individus, il a peu de chances d’être choisi comme confident privilégié par les parleurs qu’il aura rencontrés. La stratégie de tricherie, qui consiste à empocher l’information donnée naïvement par le parleur A en ne donnant presque rien en retour, devient la meilleur stratégie pour les agents qui jouent le rôle B. On observe alors que la valeur moyenne de G2 puisqu’il devient non rentable de communiquer en direction d’individus qui ne retournent pas d’information. On se retrouve ainsi dans la situation de départ, si bien que le système oscille sans jamais se maintenir durablement dans une situation coopérative.

Pour que le langae puisse reposer sur une coopération, trois conditions devraient être vérifiées:

  • Premièrement, il faut que la communication soit utile à son bénéficiare.
  • Deuxièmement, il faut que la communication des informations soit un comportement peu coûteux pour celui qui parle.
  • Troisièmement, les individus doivent s’assurer de ne communiquer qu’avec ceux qui leur rendent la pareille, avec le même niveau d’utilité. Dans quelle mesure ces conditions sont-elles remplies? La contrainte la plus évidemment satisfaite semble être la deuxième. Parler n’est pas très coûteux.

Si le langage repose pour l’essentiel sur un troc informationnel, il est étonnant que tant de temps soit gaspillé à des transactions sans intérêt vital.

Là où l’on s’attendait à trouver des auditeurs en quête de rares parleurs détenteurs d’informations de qualité, on est plutôt en présence d’individus plus ou moins bavards en quête d’un public prêt à les entendre.

Si le langage était un échange marchand, une bonne stratégie consisterait à donner des informations de pure invention. Comment un système de troc peut-il exister si l’on n’a pas de contrôle sur la qualité de la marchandise? Voilà qui vient singulièrement compliquer la tâcher des interlocuteurs et, finalement, miner le système dans son ensemble. Pourtant, le langage existe, et les individus de notre espèce s’y adonnent sans retenue.

Depuis quelques années, de nouvelles théories sur l’éthologie de la communication naus laissent entrevoir un tout autre mécanisme, qui peut bien mieux expliquer la présence du comportement langagier dans notre espèce. A la lumière de ce mécanisme, les scénarios du langage visant au bien-être de l’espèce ou du langage fondé sur la coopération donnant-donnant apparaissent comme des images biaisées, des idées naïves que l’on a pu se faire du fonctionnement collectif humain, plutôt que comme des modèles explicatifs. Pour expliquer ce nouveau mécanisme, faisons un détour par une espèce bien éloignée des primates.

La politique du cratérope:

La solution de l’énigme du langage pourrait venir d’une source inattendue: un petit oiseau du désert répondant au nom de cratérope écaillé. Cet oiseau présente bien des particularités étonnantes. Il vit en groupes au sein desquels les individus nourrissent collectivement les jeunes, montent la garde pour prévenir de l’approche des prédateurs et s’approchent parfois à plusieurs d’un prédateur pour le faire reculer en l’impressionnant par leur nombre et leur détermination. Le côté spectaculaire de l’histoire, c’est que les individus sont en compétition pour réaliser ces belles actions. Amotz Zahavi, qui étudie les cratéropes écaillés dans le désert du Néguev, a observé qu’un individu dominant ne laissera pas un subalterne nourrir un jeune et prendra sa place dans cete tâche. Il fera de même s’il voit un subalterne tenir le rôle de sentinelle. Enfin, l’activité d’intimidation des prédateurs est, par essence, compétitive. C’est à celui qui s’approchera le plus du prédateur, prenant ainsi les plus grands risques. Pourquoi observe-t-on ces comportements altruistes, en contradiction apparente avec les principes darwiniens qui prévoient que les individus se préoccupent de leur propre reproduction sans se soucier d’aider les autres? Et quelle est la pertinence de ces comportements altruistes du cratérope pour comprendre le comportement langagier des humains?

Selon Zahavi, les cratéropes sont en compétition pour acquérir du « prestige ». Celui qui nourrit le mieux les jeunes, qui monte le mieux la garde et contribue le mieux à éloigner les prédateurs jouit d’un statut éleé auprès de ses partenaires, un statut qui lui donne, de fait, un meilleur accès aux ressources et à la reproduction. On comprend ainsi que les individus soient engagés dans une compétition, jouant à celui qui se montrera le plus utile au groupe puisque, in fine, il en tire un bénéfice personnel.

Le problème posé est celui de comprendre où réside l’avantage reproductif des cratéropes qui accordent du statut aux individus qui oeuvrent pour le bien du groupe. Quel est leur avantage par rapport à ceux qui refuseraient de céder le pas aux individus altruistes? En bonne logique darwinienne, les cratéropes devraient se préoccuper de leur propre reproduction, sans se soucier du bien-être de leur groupe. Les égoïstes qui font tout pour maximiser leur succès personnel sans tenir compte de succès écologique de leur groupe seront toujours gagnants.

Depuis le début des années 2000, nous disposons d’une nouvelle théorie, la théorie du signal honnête, aussi appelée théorie du signal coûteux, qui nous permet d’expliquer ces phéomènes en restant dans un cadre strictement darwinien.

L’hypothèse centrale de la théorie du signal honnête réside dans le fait que les individus interragissent au sein de coalitions et non de groupes. La différence est fondamentale. Un groupe est une entité écologique, dont les membres sont réunis soit par le hasard des rencontres, soit parce qu’ils sont nés dans la communauté. La plupart des espèces sociales sont structurées en groupes de ce type, l’espèce humaine ne faisant pas exception. A la différence des groupes, les coalitions sont des réunions d’individus qui se sont choisis et qui se choisissent en permanence, car l’appartenance à une coalition n’est jamais acquise. Les humains, comme les cratéropes, présentent la particularité de former des coalitions.

Voilà pourquoi il est crucial d’appartenir à la bonne coalition, autrement dit de savoir choisir ses partenaires de buisson.

On comprend ainsi que toute compétition politique opposant des coalitions se double d’une compétition « publicitaire » dans laquelle les individus cherchent à afficher les qualités recherchées chez les partenaires de coalition. La théorie du signal honnête démontre que, dans un tel contexte politique, une communication honnête est possible même si elle et coûteuse pour ceux qui émettent le signal.

Le langage ne doit en effet pas son existence au pouvoir accru du groupe qui voit ses membres mettre de l’information en commun, en raison de ce que nous avons appelé le paradoxe d’Eve et de Léa. Nous avons également montré que le langage ne fonctionnait pas sur un mode donnant-donnant dans lequel chaque partenaire devrait bien vérifier qu’il reçoit sa part d’information. L’échec de ces explications vient pour partie de ce qu’elles sont contraintes à considérer l’information communiquée comme nécessairement utile.

Voilà qui commence à ressembler au langage tel qu’il est pratiqué: des paroles portant sur des thèmes souvent futiles, émises par des locuteurs qui ne fuient pas les oreilles attentives, mais qui au ontraire ont souvent tendance à les rechercher.

Pour comprendre le type de qualité que le langage permet d’afficher, il faut s’intéresser un peu à la politique de notre espèce. Celle-ci, comme bon nombre d’espèces de primates, est bien une espèce politique. Nous formons des coalitions, nous avons des amis, nous comptons sur certains individus pour nous rendre service, et cela bien au-delà du cercle familial. Si l’on excepte l’invention récente des Etats dotés d’une police et d’une justice, les humains ont toujours vécu dans des situations où leur  sécurité et leur capacité à résister à l’exploitation exercée par leurs congénères étaient liées à leur habilité à tisser des liens sociaux.

Plus que la bipédie, le maniement d’outils ou même la faculté de langage, c’est notre propension à former des réseaux complexes d’alliances qui est l’apanage d’Homo sapiens. Selon le contexte: vie locale, sports, loisirs ou travail,  nous établissons des relations avec d’autres individus, qui peuvent aller de la simple reconnaissance mutuelle à des liens amicaux étroits. Ces liens peuvent être symétriques, comme dans l’amitié, ou dissymétriques, comme dans certaines formes d’allégeance ou d’admiration pour des meneurs, des artistes ou des sportifs.

Dans la politique humaine, la force physique de tel ou tel individu importe moins que chez le chimpanzé. Elle a été remplacée par d’autres qualités sans doute plus efficaces. Comme chez le cratérope, il semble par exemple que le courage, c’est-à-dire la capacité à prendre des risques de manière déssintéressée pour le bien de la coalition, soit une qualité recherchée. C’est ce qui explique l’extraordinaire valorisation du courage dans notre espèce, et son corollaire, le mépris qui frappe toute forme de lâcheté. Une autre qualité essentielle de la politique humaine est précisément celle que le langage nous permet d’afficher.

Le langage comme moyen d’affichage:

Dans le cadre de la théorie du signal honnête, le langage devrait son existence qu caractère politique de notre espèce, dont les individus forment systématiquement des coalitions pour s’opposer au pouvoir des autres coalitions. Le langage serait le moyen par lequel les individus affichent des qualités recherchés dans ce jeu politique.

Lorsque l’enjeu est de montrer que l’on a eu une expérience très inhabituelle, l’auditoire ne peut s’empêcher de relativiser ce caractère inhabituel quand cela est possible. Il s’agit là encore d’un réflexe. Bien que l’effet d’une telle réaction soit de diminuer l’originalité de l’évènement rapporté, il ne s’agit pas nécessairement pour le deuxième locuteur d’une volonté de gêner le premier. Souvent, ce type de réaction est même subjectivement perçu comme agréable par le premier locuteur, puisque son ivs-à-vis marque de l’intérêt en faisant écho par sa propre expérience à ce qui vient de lui être dit.

Il constitue un simple prétexte pour le locuteur qui s’en sert pour afficher ses qualités en matière d’information.

Pour expliquer l’existence d’un public pour cet affichage de performance informationnelle, il faut supposer que la capacité à savoir avant les autres est l’un des critères par lesquels nous choisissons nos alliés. Fait remarquable, les personnes que nous considérons comme nos amis sont, précisément, le plus souvent, celles dont nous apprécions la conversation, parce qu’elle est remplie d’évènements inattendus. Nous recherchons les personnes capables de parler d’expériences inhabituelles et, toutes choses égales par ailleurs, nous avons tendance à fuir celles qui n’ont que des banalités à nous raconter.

Pour que ce shéma soit en accord avec la théorie, un point crucial doit encore être vérifié. Il faut que la qualité affichée par le langage soit pertinente. Autrement dit, il faut que ceux qui choisissent leurs amis sur la base de cette qualité en retirent un avantage. A quoi sert d’avoir des amis capable de déceler des évènements inhabituels? Pour le comprendre, nous devons prendre conscience d’un phénomène majeur qui s’est produit dans le passé de notre lignée. Il s’agit d’un évènement certain, même si nous ne savons pas encore le dater, et il est unique chez les primates et peut-être dans l’ensemble du règne animal. A un certain stade de notre passé évolutif, nos ancêtres ont acquis la capacité de tuer sans risque, probablement à l’aide de bâtons pointus ou de pierres.

Le seul moyen, pour survivre dans une situation où chaque individu du groupe représente un risque potentiel et constant, consiste à s’entourer d’amis fiables capables de prévenir le danger.  Ce bouleversement explique l’émergence de la communication évènementielle. En prenant tous les prétextes, même les plus futiles, pour démontrer leur capacié à détecter les évènements déviants, les humains vantent leur qualité d’amis potentiels, capables d’anticiper n’importe quel danger.

Même dans les sociétés modernes où la loi les protège des agressions inopinées, les êtres humains s’empressent de rapporter chaque événement déviant ou émotionnel, et nous continuons de choisir nos amis chez ceux qui y parviennent le mieux. La suggestion est donc que notre propension systématique à communiquer à propos des événements résulte logiquement de l’emploi des armes létales.

Mensonge et argumentation:

Si le jeu du langage humain consiste à impressionner les autres par sa meilleure connaissance de tout ce qui se passe et qui sort de l’ordinaire, il semble facile de briller à moindres frais. Il suffit de mentir. Cette simple possibilité semble ruiner l’ensemble du raisonnement qui nous a permis de rendre l’existence du langage compatible avec les contraintes de la sélection naturelle. Dans le cadre de la théorie du signal honnête, la fiabilité des signaux émis est généralement liée à leur coût. Lorsqu’il s’agit de montrer sa capacité à intimider un prédateur, la cratérope ne peut pas faire semblant. Lorsqu’il s’agit de motntrer sa capacité à intimider un prédateur, le cratérope ne peut pas faire semblant. La compétition entre cratéropes fait que les performances acceptables comportent un coût, en termes de privation lorsqu’il s’agit de nourrir les jeunes ou en termes de risques s’ils montent la garde ou tentent d’intimider un prédateur. Seuls les meilleurs peuvent assumer ce coût, et le signal qu’ils envoient en réalisant l’acte ne ment pas sur leur qualité.

Comme nous l’avons observé, le langage est presque gratuit. Ce n’est certainement pas le coput des prises de parole qui en assure la crédibilité. Alors que le rugissement du lion peut-être un indicateur fiale de sa vigueur, ce n’est pas dans les efforts laryngés du locuteur humain que l’on peut discerner le vrai du faux. Les auditeurs ont cependant à leur disposition deux moyens complémentaires de tester la validité des faits inattendus qu’on leur rapporte. Le premier consiste simplement à aller vérifier les dires du locuteur.

Le seul moyen à la disposition des êtres humains pour estimer la validité d’un témoignage qu’ils ne peuvent pas directement vérifier consiste à en tester la cohérence. C’est ce qui fait lors des procès criminels. C’est aussi ce que réalisent les interlocuteurs au quotidien lorsqu’ils argumentent. Toute incohérence apparente appelle une explication, et les être humains ont pour réflexe de signaler les incohérences qu’ils ont pu déceler dans le discours des autres, voire, comme le montre l’extrait des grèves de transports, dans les situations qu’ils perçoivent. Malheur à celui qui ne pourra résoudre une incohérence qui concerne ses propres dires.

A l’inverse, la personne qui est capable de détecter une incohérence ou de la résoudre se voit socialement récompensée. Cette récompense se comprend, dans le jeu politique d’Homo sapiens, car de tels individus sont précieux pour valider les informations.

Or le comportement conversationnel, avec ses deux modes, événementiel et argumentatif, constitue une curiosité isolée de la nature. Le mérite de la théorie du signal honnête est de donner une fonction à ces deux modes conversationnels, fonction qui est compatible avec le cadre darwinien. En rapportant des événements sortant de l’ordinaire, l’individu démontre qu’il sait extraire des informations originales de son environnement physique et social.

En détectant des incohérences, l’individu démontre qu’il sait lutter contre le mensonge. Et en démontrant ces deux capacités, il se rend attractif comme allié potentiel, comme nous l’avons suggéré, dans le contexte créé par l’avènement des armes létales.

Ce qui est proposé ici ne résout pas la totalité des énigmes relatives au langage. Comme le souligne avec raison Bernard Victorri, la raison qui pousse les humains à narrer des événements partiellement ou totalement fictifs demande à être élucidée. Si l’on en juge par l’universalité du récit fictionnel et de sa réalisation extrême dans les mythes créateurs, il s’agit d’une composante essentielle du comportement langagier. Est-ce la raison première qui a fait que nous parlons, ou s’agit-il, comme je le crois plus volontiers, d’une fonction seconde qui n’a émergé qu’une fois le langage installé dans sa fonction de communication événementielle? L’étude éthologique du langage et les modélisations permettront de le décider.

Pour comprendre la fonction d’une caractéristique biologique il est habituel en sciences naturelles d’observer quel impact la suppression de cette fonction produit sur la survie de l’organisme ainsi manipulé. Le scientifique peut par exemple comprendre la fonction biologique du pancréas ou de la rate en observant le devenir d’individus qui en auraient subi l’ablation.

Le lecteur qui voudrait tenter l’expérience a le choix entre deux attitudes. L’une consiste à cesser volontairement de parler pendant une semaine. L’autre consiste à n’émettre que des constats banals, pendant une semaine également, comme « la nappe est en papier ».

En bon scientifique, celui qui tentera l’une ou l’autre de ces expériences pourra en constater les conséquences sur sa propre vie. Elles seront certainement loin d’être anodines, car elles risquent de perturber significativementn ses relations avec les individus de son entourage, voire de mettre en péril l’existence de son réseau social. Tant dans sa vie familiale et ses relations amicales que dans son cadre professionnel, il risque d’oblitérer durablement son image dans le regard des autres. Ceux qui tenteront l’expérience pourront ainsi prendre la mesure de la dimension politique du langage.